800 participants pour un Web plus net.

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La Licra et la Conférence des OING du Conseil de l’Europe ont mobilisé durant trois jours à Strasbourg 800 personnes dont plus de 200 collégiens et lycéens, autour du thème de la lutte contre le discours de haine sur Internet.

L’objectif du symposium No Hate Web No Hate Speech était de permettre un large rassemblement allant des experts au grand public, venus pour l’occasion de plusieurs pays différents, avec une attention particulière portée au public jeune, très concerné par cette thématique, et dont l’expertise fut particulièrement enrichissante, tant ils sont familiers du numérique et des réseaux sociaux.

Il s’est agi de partager les constats sur la prolifération des messages de haine en ligne et dans l’espace public, et les interrogations autour des réponses à apporter. Le message des 50 intervenants et experts invités a été largement tourné vers l’action : ne pas abandonner l’espace du web à ceux qui propagent des propos discriminatoires et injurieux. Ces actions prennent plusieurs formes : le dialogue, la réponse ferme ou humoristique pour désamorcer la violence, le retrait des contenus, l’éducation au numérique.

La riposte passe également par une prise de conscience : chacun peut être victime d’un discours de haine et peut contribuer à le susciter, à le propager au travers de ces messages « pour rigoler » dont l’accumulation conduit au harcèlement. Les recommandations aux victimes visent à aider à dépasser le sentiment de tétanisation ressentie en parlant autour de soi et en agissant pour supprimer les contenus haineux et leur diffusion.

Si lutter contre le discours de haine peut sembler dérisoire il s’agit de ne pas oublier que les conflits, les guerres, les génocides naissent par des propos haineux visant à stigmatiser une population. Le discours de haine tue, il diminue l’estime de soi, il provoque le repli des victimes et aboutit à la dévalorisation de tout un groupe social quand il est répété et amplifié.

Le combat passe aussi par une responsabilisation des hébergeurs et des diffuseurs de contenu dont l’écoute et la réceptivité varient beaucoup. Si Twitter et Facebook, représentés au symposium comptent sur les associations pour les aider dans la construction d’un internet plus éthique, d’autres font la sourde oreille. Car l’évaluation d’un contenu haineux est relative et pose la question de la liberté d’expression.

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Face à la « soft law » qui préconise la régulation et l’autodiscipline de chacun, d’autres avocats revendiquent la primauté du Droit et particulièrement de la législation française. S’agira t il pour autant de faire cesser l’anonymat sur le Net ? Que faire quand de nombreux contenus haineux en ligne de langue française n’émanent pas de France et que ce mouvement risque de s’accélérer ? Les frontières de l’internet sont davantage linguistiques que nationales ou géographiques.

Une préoccupation anime cependant la majorité des intervenants : celle de ne pas condamner l’outil internet, porteur d’informations, de liens et de messages de solidarité.

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Les ateliers, débats et rencontres ont suscité plus de questions que de réponses de l’aveu des participants, c’est pourquoi il est important de considérer qu’il s’agit plutôt d’un point de départ. Des Actes seront publiés, un groupe de travail va être relancé au sein du Conseil de l’Europe pour poursuivre le travail initié. Une première réunion est d’ores et déjà prévue le 26 juin 2015.

Le symposium a bénéficié de l’expertise de partenaires pour débattre : l’INACH et son réseau international de spécialistes de la cyber-haine, le No Hate Speech Movement, campagne européenne de lutte contre le discours de haine, et Respect Zone, qui propose une démarche positive pour « surfer plus net ».

La Ville de Strasbourg a fortement soutenu ce projet. La Région Alsace a également participé à son financement.