A l’occasion de la parution de Joséphine Baker par Catel et Boquet (éditions Casterman), un roman graphique qui retrace l’incroyable destin de l’artiste, la Licra Bas Rhin retrace le parcours de la femme engagée dans la Résistance à la militante exceptionnelle, aux côtés de la Lica notamment (qui deviendra la Licra), et qui lutta toute sa vie contre le racisme.S’il est connu qu’elle fait partie des membres d’honneur de la LICRA, on oublie trop qu’elle était aussi parmi les fondateurs de la LICA.
Freda Josephine McDonald, plus connue sous le nom de Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 dans la célèbre ville américaine de Saint Louis, située dans l’Etat du Missouri.
Elle a grandi dans une famille d’artistes multiculturelle. En effet, sa mère est une danseuse métisse et amérindienne et son père, un musicien itinérant espagnol. Si sa famille est riche culturellement, elle l’est beaucoup moins financièrement. Aînée d’une fratrie de quatre enfants, Joséphine arrête l’école à 13 ans, se marie et travaille chez des gens aisés chez qui sa mère l’envoie.
Ses parents lui ont inculqué la danse dès sa petite enfance, c’est donc sans surprise qu’elle trouvera sa vocation dans ce domaine. Après avoir quitté son mari, elle commence à danser dans la rue avec deux amis, puis se retrouve à travailler au Standard Theater pour gagner sa vie.
Cependant, l’ambition de Joséphine est spectaculaire, elle rêve de Broadway et décide de quitter son deuxième mari pour poursuivre ses aspirations. A New York City, là où tout est possible, elle essuie d’abord plusieurs refus, puis finit par être engagée dans un spectacle à la distribution entièrement noire.
Après quelques années, elle décide d’entrer au Plantation Club. Moment très important de sa vie, puisqu’elle y fera la rencontre de Caroline Dudley Reagan, -épouse d’un fonctionnaire de l’ambassade des Etat Unis à Paris : Donald. J Reagan- qui lui propose un bon salaire pour la suivre en France. Celle-ci voit beaucoup de potentiel en Joséphine et veut faire d’elle une star dans son nouveau spectacle: la Revue Nègre.
C’est avec ce spectacle que la danseuse va se faire connaître. Ainsi, elle danse le charleston presque nue, uniquement vêtue d’un pagne de simples bananes en plastique autour de la taille. Ce genre de musique n’est à l’époque pas connu en Europe. De plus, la tenue de Joséphine fait alors scandale. Malgré le dégoût et la désapprobation, un engouement pour le show se faire alors sentir. Joséphine devient une star en France, elle n’a alors que 19 ans.
Il serait faux de penser que Joséphine Baker ne fut qu’une danseuse. Elle s’est battue aux côtés des résistants pendant l’Occupation et s’engage en 1940 dans les services secrets de la France libre, pour lesquels elle utilisait ses partitions de musique pour cacher des messages codés. Elle a été récompensée de la Médaille de la Résistance.
Après un accouchement difficile, des complications postpartum et les adoptions de plusieurs enfants, Baker retourne aux Etats Unis (en 1947 et 1951) pour renouer avec le succès, mais surtout gagner de l’argent. Si elle était très connue par le passé, la célébrité l’a quelque peu quittée, or, elle s’est presque ruinée pour subvenir aux besoins de tous ses enfants qui vivent dans une grande propriété en Dordogne.
Victime dans son pays de la ségrégation raciale, elle soutient la cause afro-américaine avec Martin Luther King, ce qui lui vaut même d’être écartée de la loge maçonnique « La nouvelle Jérusalem » de la Grande loge féminine de France ».
Elle remonte sur scène à la fin des années 1960 et 1970, elle obtient alors le soutien d’actrices comme Brigitte Bardot et reçoit même l’aide de la Princesse Grace de Monaco et du Prince Rainier III.
Terrassée par une attaque cérébrale deux jours plus tôt, Baker meurt le 12 avril 1975 à 69 ans à Paris.
Celle qui a pris la nationalité française en 1937, qui a exporté la musique noire en Europe et qui s’est battue aux côtés des français pendant l’Occupation mériterait même selon certains d’être enterrée au Panthéon. On considère qu’elle est la première célébrité femme noire.
Aujourd’hui, son ambition, sa détermination et ses idées progressistes sont très largement appréciées et reprises quand on parle de lutte raciale, mais aussi du combat pour la liberté des femmes. (Par Myriam Youla)