Né en 1958, François Nussbaumer vit et travaille à Strasbourg depuis 25 ans. Il a réalisé de nombreuses campagnes de publicité ainsi que des photographies d’architecture, des portraits, de la photo de mode, d’illustration et de reportage. Parallèlement à cela, il poursuit des travaux personnels qui ont été l’objet d’expositions dans différentes galeries et institutions culturelles en France et à l’étranger. Il est également éditeur. Dans le cadre de la vente aux enchères Adjugé pour l’antiracisme!, il a fait don d’une de ses oeuvres pour soutenir les actions pédagogiques de la Licra, et accepté de répondre à quelques questions sur l’actualité.

Licra Bas-Rhin: Entre la crise des migrants, la progression des populismes, la menace djihadiste, etc., l’Europe est confrontée à de nombreux défis. Quel phénomène est, selon vous, le plus inquiétant ?

François Nussbaumer: Il n’y a rien qui m’inquiète plus particulièrement ou, si vous préférez, tout m’inquiète car je pense que, malheureusement, tous ces faits peuvent être reliés entre eux…

Quelles réponses faudrait-il apporter ?

Autoportrait de François Nussbaumer

D’après moi, il est important de promouvoir les valeurs républicaines. Les réponses possibles sont évidemment multiples. Parmi elles, on pourrait, par exemple, réinstaurer un service militaire ou civil pour tous, sans distinction de sexe, ni d’ordre social ou culturel, et d’une durée restant à définir. Pour avoir été en charge de la formation des nouvelles recrues lorsque j’ai fait mon service militaire, je peux attester de la formidable école de vie, des expériences de découverte, d’écoute de l’autre, et d’apprentissage du vivre ensemble, que cela pouvait représenter.

Plus globalement, il est indispensable que nous nous montrions capable de vigilance, de persévérance et de patience.

Pour quelles raisons avez-vous fait don d’une de vos photographies pour aider la Licra à développer ses actions ?

J’ai choisi de soutenir la Licra car, celle-ci, face à la montée des intégrismes politiques, religieux ou identitaires, et à travers ses différentes actions, qu’elles soient éducatives, culturelles, sportives ou autres, permet d’envisager une nouvelle forme de vivre ensemble qui me parait, dans ces temps troublés, absolument salutaire.

Pouvez-nous nous dire quelques mots de l’oeuvre que vous avez offerte à la Licra, et qui sera vendue aux enchères le 19 mai ?

« Migrations 1 »
(François NUSSBAUMER)
Prise de vue argentique négatif 4×5 inches
Tirage lambda après numérisation
Format 50x60cm

Cette photographie est issue de la série « Migrations 1 » réalisée en 2005 dans le Sahara et figurant dans la monographie intitulée « Way to go » (2008).

Cette série aborde, telles des sculptures contemporaines, des épaves de voitures abandonnées, en différentes positions et qui n’ont en commun que d’être désespérément perdues dans le désert depuis des années.

Après avoir traversé une première fois le Sahara dans l’axe Nord-Sud, j’y suis retourné pour réaliser cette série à la chambre photographique argentique et avec de l’éclairage de studio sophistiqué, sans l’aide de logiciels de retouche d’images, créant ainsi une sorte de tension entre le naturel et le factice.

Où peut-on venir voir votre travail ?

Mon travail est visible sur mon site www.francoisnussbaumer.com. J’exposerai notamment cet été en compagnie de 19 artistes français et allemand à Offenburg, pendant l’opération Offenburg Open (voir également la page Facebook de l’événement).

Par ailleurs, étant également éditeur, je publie à la fin de l’année un livre sur la ville de Gand intitulé «Gent Verticaal» (Le Noyer Edition, photographies de François Nussbaumer, texte de Frank Beke, ancien Bourgmestre de la ville de Gand).