Rencontre avec Richard Aboaf, artiste peintre ayant fait don d’une oeuvre à la Licra, dans le cadre de la vente aux enchères « Adjugé pour l’antiracisme! », pour soutenir les actions éducatives de l’association contre le racisme et l’antisémitisme.
Licra Bas-Rhin: Qu’est ce qui vous inquiète le plus dans l’actualité?
Richard Aboaf: Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui c’est la montée des intégrismes et du radicalisme religieux. A mon sens, le renforcement des préventions sous toutes leurs formes et l’affirmation des valeurs de laïcité et de liberté doivent faire partie de tous les programmes, et de toutes les politiques éducatives, afin de contrer cela.
L: Vous enseignez l’art à l’école ORT de Strasbourg, qui est une école confessionnelle juive. Quel est votre point de vue sur l’évolution de l’antisémitisme en France? Est-ce vous ressentez de l’inquiétude au sein de votre établissement? Quelles seraient pour vous les solutions?
RA: La communauté juive de France constitue 1% de la population nationale, or 49% des actes racistes ces dernières années sont dirigés contre ses membres d’après les statistiques du CRIF et du Ministère de l’intérieur. La situation est devenue grave. Réprimer par la loi les atteintes aux libertés, à l’identité, à l’intégrité physique et à la dignité humaine, ne peut constituer la seule réponse ; l’Education Nationale a une responsabilité énorme au regard de ce qui se passe aujourd’hui dans la société, toutes les formes de racisme et particulièrement l’antisémitisme sont condamnables et doivent être condamnées avec fermeté. Un sursaut éducatif est plus que nécessaire, les enseignants doivent également être formés pour contrecarrer cette montée du racisme, de l’antisémitisme et de l’intolérance.
L: Pourquoi avez vous choisi de soutenir les actions éducatives de la Licra? Qu’est ce qui vous paraît prioritaire?
RA: La promotion des valeurs républicaines à travers l’éducation et la culture constituent un moyen important de remédiation aux problèmes de société, le législateur doit suivre et faire appliquer la loi en cas de dérive, il en va de l’équilibre de nos sociétés.
L: Quelle est l’oeuvre que vous avez choisie? Et pourquoi? Pouvez nous expliquer l’origine de cette oeuvre, son histoire?
RA: L’oeuvre que j’ai choisie pour la vente aux enchères est « Talit Atik » qiui signifie « Châle ancien ou antique » en hébreu ou en araméen. Il s’agit d’un travail issu d’une exposition de peinture réalisée dans le cadre du Printemps de l’Ecriture dont le thème 2016 est « Sur le Fil ».
L: Où est-ce qu’on peut venir voir votre travail?
RA: On peut venir me voir, sur rendez-vous, à l’atelier situé rue Sellenick au numéro 14 à Strasbourg.